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Une boîte aux lettres évocatrice !

 Passant en revue la maison que nous venons d’acquérir et que nous occupons depuis quelques jours, mon attention est attirée par notre boîte aux lettres, pareille à presque toutes celles que l’on peut observer sur l’île. Par leur petite taille, elles ne ressemblent pas aux boîtes françaises, mais surtout elles se singularisent par leur façade ouvragée, de facture ancienne. Que vois-je en y regardant de plus près ? Un blason avec en son milieu une croix de Savoie !

 

Une telle représentation, en Sardaigne n’est pas pour m’étonner, mais qu’elle figure quasiment sur toutes les maisons, en l’an 2023 me surprend tout de même ! J’imagine que ces armoiries subsistent, plus par tradition que par l’attachement des Sardes à la Maison de Savoie. Cependant, il me semble que le souvenir des rois y perdure, un commerçant m’ayant affirmé, lors de mon premier séjour : Ici, nous sommes en Sardaigne et non en Italie, nous avons toujours notre roi ! Et ce matin encore, le responsable de la déchetterie que je félicitais pour son français tout à fait correct me déclare : Je l’ai appris à l’école, en Italie ! En Italie et pas en Sardaigne ?

 

Il me paraît utile de procéder à un retour en arrière afin d’apporter un éclairage sur l’histoire de la Maison de Savoie, bien que je ne me pose surtout pas en historien, mais en simple amateur soucieux de partager ses découvertes, même si je sais que l’histoire de la Savoie est loin d’être méconnue de mes compatriotes. Il n’est pas facile de résumer la dynastie savoyarde, certainement la plus longue de l’histoire européenne, avant même celle des Hohenzollern en Allemagne. Elle aurait débuté en Maurienne, autour de l’an mil, avec Humbert aux Blanches Mains, dont le tombeau, ou du moins le cénotaphe, impose sa magnificence sous le porche de la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne.

 

En mille ans d’existence, les souverains de la dynastie des Savoie portèrent successivement les titres de comtes de Savoie, ducs de Savoie, brièvement de Sicile, puis rois de Sardaigne et enfin rois d’Italie. Parmi les titres relevés par l’historien savoyard André Palluel-Guillard, récemment décédé, on note pour la Sardaigne : ducs d’Oristano, de Goceano et de Sant’Antioco. Rien d’étonnant alors que je retrouve des évocations de ma vallée mauriennaise dans notre retraite méditerranéenne.

 

Lors de ma dernière chronique, j’ai commis une erreur : j’ai placé la commune de Bulzi dans la Gallura, alors qu’elle se situe dans la région historique de l’Anglona ! J’espère que son maire, Bernardo Obinu, qui m’a reçu chaleureusement dans sa mairie la semaine dernière, n’en saura rien !

 

Cet épisode aura fait la part belle à la Sardaigne, mais prochainement j’évoquerai Jarrier où ma grand-mère paternelle, Delphine Gaden, fut institutrice durant l’essentiel de sa carrière.

Jean-Michel Reynaud

 

À suivre