Je vais faire mentir la définition que donne Larousse de ce qu’est une chronique : « Récit dans lequel les faits sont enregistrés dans l'ordre chronologique ». Je ne cesse de m’en écarter, alors revenons aux fondamentaux historiques. Aujourd’hui, je vais évoquer les Shardanas, peuple méditerranéen qui aurait donné son nom à l’île que j’habite dorénavant : la Sardaigne. Il conviendra corrélativement de dire un mot des « nuraghes », ces constructions mystérieuses qui, par milliers, ponctuent la campagne sarde ; plus tard, nous aurons tout loisir de nous pencher sur le parcours en ces contrées, des représentants de la Maison de Savoie.
Auparavant, je voudrais évoquer le court séjour que j’ai effectué fin mars en Maurienne, séjour motivé par la vente du Raph (le nom de notre Trafic aménagé), aidé en cela par le bon René Peretto qu’on ne présente plus dans ces colonnes. Après avoir passé une nuit calme sur l’aire de camping-cars du centre Louis Armand, l’ancienne école où j’ai usé mes fonds de culotte du CP au CM2 et bien plus tard mes pantalons aux réunions de la 3CMA ou du SPM, j’ai pu rencontrer avec plaisir d’autres personnes : mon responsable d’édition Cédric qui a la bonté d’accueillir ma prose dans le journal, mon médecin et sa secrétaire (d’origine sarde), Pierre-Yves Bonnivard qui m’a conté les déboires hivernaux de sa commune , avec qui je compatis, en connaissance de cause ! Dans la rue du collège, la rue où je suis né, j’ai salué un co-président du GAEM qui s’occupe toujours bien de mon ordinateur. Je n’ai pas manqué de m’offrir un excellent dîner en bas du forum, servi par une jeune employée pleine d’attentions pour sa clientèle. Avant de repartir, un détour par le musée Opinel où, malgré l’heure tardive, j’ai été fort aimablement et courtoisement reçu. J’y ai renouvelé mon stock de n°8 avec la gravure : « Savoia e Sardegna ». Ces couteaux nous servent de « regalo »(1) pour les personnes qui nous aident dans notre installation. Les Sardes sont vraiment accueillants et serviables !
Étaient-ils accueillants ces Shardanas ? J’en doute ! Il est fait mention de ce peuple dès le début du IIe millénaire av. J.-C. Ils avaient la réputation de guerriers écumeurs des mers qui ont tenté de conquérir l’Égypte. Ramsès II les aurait défaits, mais reconnaissant leur vaillance guerrière, les aurait incorporés à sa garde personnelle. Son fils Ramsès III leur aurait ensuite attribué un territoire au Levant pourtant sous domination égyptienne. Selon divers historiens, leur provenance est controversée. Certains leur attribuent une origine orientale : Anatolie ou Syrie. D’autres penchent plutôt pour une origine occidentale, la Sardaigne elle-même. On sait qu’ils sont représentés en guerriers, coiffés de casques à cornes de taureau surmontés d’une crête circulaire et munis d’épées triangulaires très reconnaissables. C’est en inventoriant leurs diverses représentations en Méditerranée que l’on imagine leurs parcours.
Autre mystère : les Shardanas ont vécu deux millénaires av. J.-C. et fortuitement ou non, c’est à cette époque que remonte la construction des premières « nuraghes ». Ces édifices seraient-ils l’œuvre des Shardanas ? Là encore, la controverse rôde ! Elle fera l’objet d’une prochaine chronique !
(1) – cadeau
Jean-Michel Reynaud
Photo (J-M. Reynaud) : Nuraghe de Ruju, sur la commune de Chiaramonti, où furent tournées en 1954, des scènes du film de Mario Monicelli : Proibito (Du sang dans le soleil), avec Mel Ferrer, Amedeo Nazzzari et Lea Massari.