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16 - Margherita di Savoia, première reine d’Italie, une souveraine aimée et respectée de ses opposants.

Sans transition, je vous emmène de la rue du Collège au Palazzo Chiablese à Turin, en l’an 1851 où nait, le 20 novembre, Margherita Maria Teresa Giovana di Savoia-Genova, Marguerite de Savoie pour nous autres Mauriennais. Elle est la fille de Ferdinando di Savoia-Genova, frère du roi de Piémont Sardaigne Victor Emmanuel II et d’Élisabeth de Saxe.

Née avant le rattachement de la Savoie à la France, la future reine était donc tout aussi sarde que mon arrière-grand-père Jean-Baptiste Olivier, né à la même époque, ce qui lui permet de figurer en toute légitimité dans la présente chronique.

Avant de nous intéresser au parcours d’abord princier, puis royal de Marguerite, il convient de lever un doute : oui, c’est bien en son honneur qu’a été composée la fameuse pizza Margherita aux couleurs du drapeau italien auquel elle s’est toujours montrée très fidèle et très attachée, comme à la Maison de Savoie, nous verrons pourquoi.

Comment pût-elle passer du statut de nièce du Roi à celui de reine ? Attardons nous sur le parcours du fils de Victor Emmanuel II, Umberto 1er, promis à un mariage avec Mathilde de Habsbourg, archiduchesse autrichienne, qui malheureusement décéda brûlée vive, sa robe qui s’enflamma au contact d’une bougie. son père lui choisit alors Marguerite comme épouse, alors même qu’ils étaient cousins. À cause de l’infidélité chronique de son mari, qui entretint constamment une liaison avec la duchesse Eugenia Attendolo Bolognini Litta, Marguerite, selon ses propres termes, renonça bien vite à son rôle d’épouse, pour n’être qu’une princesse.

Cependant, elle se montra d’une loyauté parfaite, aussi bien vis-à-vis de son mari, roi, à qui il succéda à la mort de son père en 1878, qu’envers le peuple. En effet, elle jouissait d’un grand prestige auprès de la population, tant par sa culture étendue (cependant superficielle et lacunaire) que par son goût pour les arts et lettres ou par le charme qui émanait d’elle, la richesse de ses toilettes et bijoux. On la surnommait « la reine aux perles ». De nos jours, nous dirions qu’elle se montrait excellente communicante, ce qui a pu sauver le règne de son mari, dépourvu de culture et de charisme.

Pour consolider l’unification du royaume, le couple s’est installé à Naples (royaume de Deux Siciles ravi depuis peu aux Bourbons), afin d’y donner naissance le 11 novembre 1869, à leur unique fils, futur roi Victor Emmanuel III, qui règnera jusqu’au 9 mai 1946. L’accouchement fut extrêmement difficile, une césarienne s’avéra nécessaire, elle ne pourra plus avoir d’enfants.

Pourtant, Marguerite, conservatrice et réactionnaire, défendant bec et ongles la dynastie des Savoie, se montra farouchement opposée aux idées progressistes. Elle réagit durement aux émeutes de Milan de 1898. Paradoxalement, elle était respectée, voire aimée des opposants à la royauté. Le poète républicain Giosuè Carducci ayant été, au risque de sa réputation, jusqu’à lui dédier une ode composée en son honneur, demeurée célèbre : Ode Alla Regina d’Italia.

Après avoir subi deux tentatives d’assassinat, le roi succomba à l’attentat perpétré le 29 juillet 1900 à Monza, par Gaetaro Bresci. Marguerite s’était écriée en l’apprenant : « Faites quelque chose, sauvez le roi ! »Mais il n’y avait plus rien à faire, Umberto était déjà décédé.

Elle assuma alors son rôle de reine mère, dans le Palazzio Piombino, qui deviendra ensuite le Palazzio Margherita. Elle pratique de nombreuses courses en montagne, dans la Vallée d’Aoste où elle possède une résidence. On lui doit le refuge Regina Margherita sur la pointe de Grifelli, le refuge le plus élevé d’Europe.

 

Plus tard, elle se retira dans sa villa de Bordighiera, sur la Riviera italienne, et y mourut le 4 janvier 1926. Le train qui ramena sa dépouille mortelle à Rome pour être inhumée au Panthéon Royal dut, sur son trajet, marquer 92 arrêts  afin de permettre aux  populations de lui adresser un dernier hommage, un témoignage de l’affection qu’elles ont porté à leur souveraine.

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